Une pièce réalisée dans le cadre de la résidence de Karine Ponties au Théâtre Les Tanneurs avec les habitants du quartier des Marolles, l’aboutissement de deux ans d’ateliers et de rencontres.
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Travailler avec des amateurs me pose beaucoup de questions mais ne m’empêche pas d’avoir le même souci et les mêmes exigences artistiques que dans un projet avec des professionnels. Ma démarche est la même, elle s’organise autour des individus présents avec un souci du respect des différences, selon la culture, l’histoire, l’imaginaire et le talent de chacun. Je construis l’écriture chorégraphique en partageant et mélangeant les formes d’expression de chaque individu qui participe au projet et je cherche toutes ces petites variations qui font qu’un être nous paraît toujours extraordinaire. Dans les corps de chacun, il y a des éléments qui se sont déposés, ils viennent de nos diverses expériences, sensations, de ce que nous avons écouté, regardé, touché, goûté. Le travail en studio est un moment de concentration où le travail physique se fond avec l’imaginaire. Le but est de jouer avec soi à travers plusieurs supports : textes, photos, tableaux, alphabets, verbes d’action, formes, couleurs, matières. Ces outils que chaque participant transforme et traduit à sa façon sont la base sur laquelle ils s’appuient et est suffisamment souple pour donner à chacun le moyen d’exprimer sa propre créativité. Et toujours par le biais du jeu, nous construisons ensemble des univers et des phrases chorégraphiques. C’est donc d’abord un travail individuel dans un processus de création commun. On ingère, on digère puis on expulse en transformant et en donnant une résonance poétique de la réalité, des réalités. En les cristallisant, en les rendant insolites, en les abordant par l’extravagance pour qu’elles nous aident à mieux comprendre ce que c’est qu’être vivant. Puis nous les mettons en commun. En essayant de ne jamais perdre la capacité de pouvoir s’émerveiller, comme nous le montre tous les jours Louis, d’accepter les choses simples, ainsi que le côté maladroit, ou brut, c’est peut-être dans ces imperfections et irrégularités que l’on ressent la vie.
Karine Ponties
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Louis est un garçon plutôt discret. On ne sait pas grand-chose de sa vie et de son passé. Je crois savoir qu’il fut chanteur de glam rock dans les années 90. Louis d’or ou Louis dort et tout autour de lui, le monde marche en cadence. Louis dit : « Et c’est parti, et c’est parti, et c’est parti !! ». Et tout autour de lui, le monde entre en transe. Louis vit ici tout près de nous. Louis dit : « C’est toujours la même chose, c’est toujours la même chose ». Et tout autour de lui le monde change. Louis est un garçon plutôt discret. On ne sait pas grand-chose de sa vie et de son passé. Je crois savoir qu’il fut chauffeur de maître d’un Grand Personnage. Louis rit tout le temps et tout autour de lui le monde se mélange. Don’t cry for Louis. Louis, je l’aime, je l’aime, lui. Et tout autour de lui le monde fait bombance. Louis fait sa lessive à jour fixe. Louis est un garçon poli, il dit merci et laisse passer les dames. Et tout autour de lui le monde frémit d’impatience. Louis est un garçon plutôt discret. On ne sait pas grand-chose de sa vie et de son passé. Je crois savoir qu’il fut danseur de flamenco dans un bal populaire de la rue des Tanneurs.
Pour Louis et Karine et toute la troupe.
Jean-Louis Froment