Portraits qui alternent entre la rigueur et l’abandon; tirés au devant tout en les tournant au dedans. Apparition, aspiration, disparition rythment le temps et l’espace tel la glace et le feu qui ensemble figent et brûlent. Lorsque notre vision se trouble, n’est-ce pas à ce moment précis que l’on approche l’essence de l’être, sa multiplicité, son secret. C’est l’instant de la Capture.
Je sais ce projet comme un instant prolongé de suspension. Un instant juste avant le moment où quelque chose se passe. Au coeur de l’entre deux. Un démontage de soi face à une « idée nouvelle »de réorganisation. Il existe peut-être pour tous une phase, un intervalle, un moment de passage. L’envie de s’installer à cette frontière, à la charnière, à la lisière d’un instant où je me dirigerais vers, pour m’arrêter au bord… Qu’elle est la capacité à demeurer dans une incertitude transitoire, dans une charnière, gond, pivot, pôle, point cardinal, point délicat et primordial de jonction? En suspension?
S’installer dans « la zone charnière » pour un temps avec un équipage pour essayer de donner un regard qui « relierait » l’image et l’émotion. Un compositeur, un plasticien, un éclairagiste, un artisan et deux corps dansants, pour explorer ce territoire, le donner à voir comme une cartographie imaginaire, en dessiner les contours, les ombres et les lumières, en goûter les froides étendues, en admirer les reflets, à mordre leurs difformes images puis percer d’un son, d’un rire le rouge naissant.
Se réunir à la frontière, dans son milieu, là où quelque chose se passe, se donne à voir et peut être dit autour de cinq thèmes :
L’homme de dos
Le syndrome de Stendhal
Les Grands froids
Les Miroirs (distorsion)
Le Rouge ( apparition-disparition)
Ces cinq thèmes ont été des points de départ pour tous, à l’arrivée il n’en reste que des traces.
Chaque thème en soi est trop riche et énorme pour prétendre de les aborder le temps d’un spectacle.
Faut-il les reconnaître ?
Faut-il absolument les rechercher ?
Quel est le point commun qui les relie ?
L’Intuition, Les charnières et l’instant de suspension.
Karine Ponties