L’univers de ce spectacle est très sombre. Il penche vertigineusement vers un excès de noirceur et de « négativité ». Mais mon objectif est de créer un grand décalage entre ce noir et un côté comique. Ce comique naîtrait de l’excès mais surtout de la précision dans la description d’états de choses, d’attitudes, de circonstances, de gestes. Ce comique naît tout simplement de la précision.
À travers le mouvement je voulais chercher comment dans un excès de noirceur et de négativité des gens peuvent se montrer touchant et tendre. Avec tout ce que cela peut avoir de comique et de tragique.
Les negatovas seraient
un
Horizon d’attente
Variante silencieuse
Le front plongé
Équilibre de colonne solitaire
Vertige commençant à terre
Des auto-stoppeuses chroniques prêtes à partir dans n’importe quelle direction
Des passoires qui seraient traversées constamment par d’autres identités
Appréhendant le monde comme une collection de moments
Retenant leur respiration depuis longtemps
Remplies de leur fierté inquiète
Elles seraient vivantes vigilantes et discrètes
Des statues qui auraient investi des corps vivants
Des mémoires brûlantes
Des visages hallucinés
De face elles semblent accablées
De profil de vraies brutes
De face elles iraient en prison
De profil elles finiraient à l’asile
Leur tête comme un poing au bout d’un corps
Une ligne presque verticale
Un noeud au bout d’une corde
Une tête pleine de noeuds arrachée au crépuscule
Elles veillent
En panne ou dans l’attente de…
Elles regardent vers le bas ou tout droit
car elles ont appris il y a long temps à ne pas regarder autour
L’indifférence accentue la distance
Composées de fragments
Poussiéreuses
Atteintes d’une perte de l’identité
Fouineuses solitaires
Leur condition ressemblerait à quelque chose de laid
interrompu par un je ne sais quoi de comique
Sentinelles du désert
Syndrome de dépendance environnemental
Toute leur trajectoire est une tentative d’évasion
Une humanité en flottement
Des conversations phosphorescentes
Des tas sombres munis de pieds
Elles intériorisent leurs piétinements
n’ayant plus d’espace extérieur dans lequel se déplacer
Elles donnent l’image d’un mouvement qui ne se meut pas
et d’un chemin qui ne mène nulle part
Entre enfance et inquiétude
Entre violence et innocence
Entre tendresse et dureté
Ne permettant pas à une part de leur personnalité
d’être symboliquement prise en charge par une autre
Des enfants au regard de pierre terriblement vulnérables
Un je ne sais quoi manque en leur centre
Observer le monde et repérer ceux qui marchent à l’infini
vers un destin absurde et indéfini