Les premiers hommes étaient nomades, les derniers le seront-ils ? « LOSS / Home far away from home » offre un refuge à huit êtres dont le chemin suit la perte et l’oubli. Ici est la maison où se produit un éphémère partage de leurs origines, de leur parcours. Ici se joue ce moment unique où chaque partie du globe est une maille d’humanité. Ils s’offrent le secours d’un excès de joie, prennent soin d’une communauté dont ils sont les passagers clandestins. Le souvenir est une forme de rencontre, l’oubli une forme de liberté. Évadés d’un ailleurs, ils se remettront en route bientôt, laissant là des traces que d’autres viendront danser. Mais aujourd’hui il sont là.
Cette pièce avec Aura Dance Theatre me permet d’explorer l’énergie explosive des danseurs et de canaliser cette force jeune et organique en un langage singulier et intime.
Je ne recherche pas le spectaculaire, je mène un travail rigoureux sur l’infiniment petit, le fragile qui les amène à une œuvre collective composée d’individualités à l’écoute.
Ils sont huit sur la scène, chacun venu d’un pays, Mexique, Australie, Corée, France, Italie, Lituanie, Japon, Albanie. Des interprètes aux cultures différentes, aux sensibilités contradictoires. Au cours de mes collaborations artistiques avec des partenaires en Europe, en Afrique, en Russie, en Asie, j’ai toujours réussi à amener un travail collectif riche en incitant chaque danseur à interroger sa culture et son langage, son appréhension particulière du sens et de l’histoire pour se rendre perméable et trouver sa propre écriture.
Créer des liens en travaillant avec des individus qui contiennent une écriture unique au flair animal, qui essaient de manier des langages existants : sons, mots, gestes, couleurs, excès du monde qui font irruption. Des matières premières à transformer.
Des êtres vivants capables de se souvenir d’oublier pour vivre ensemble, pour traduire, réécrire le monde en eux.