Avec Les Taroupes, Karine Ponties entame sa première collaboration avec Jan Kuijken, compositeur en résidence au sein de Lod. Il jouera au piano une pièce originale qu’il compose principalement au cours des séances d’improvisation avec les danseurs, Alessandro Bernardeschi et Mauro Paccagnella. De la relation étroite qui se crée entre eux naîtra une musique souple et très organique. Deux identités
Deux exemplaires
Seul en deux parties
L’enlacement infatigable des contraires
L’étreinte du tout animé. L’un corrige l’autre, le relativise, le complète, et en refusant une centralité empêche l’installation de toute certitude
Sur la dualité repose toute dialectique, tout effort, tout combat, tout mouvement, tout progrès, toute fatigue.
Les Taroupes ? ce sont des petits poils qui poussent au pied du nez, entre les yeux, et qui semblent s’affronter en duel car leur implant est toujours symétriquement opposé. C’est aussi la métaphore que Karine Ponties a choisi pour mettre en scène deux personnages. Deux hommes, que l’on pourrait qualifier de standards, en pantalon noir et chemise blanche attendent, l’un debout, l’autre assis.La musique enclenche le déplacement du premier, qui enclenche à son tour les mouvements du deuxième. Mais ils restent distants, sans contact apparent, sans que les regards ne se croisent, sur des trajets parallèles. À la fois identiques et opposés, ils semblent vouloir s’éviter, jusqu’à ce qu’ un face-à-face les confronte. Ils sont mus par des tensions imperceptibles de l’ordre du ressenti de la présence de l’un et l’autre. Dans une relation d’approche et de rejet, de tentatives et d’abandon, de domination et de soumission, au rythme de la musique live, ces deux éléments non identifiés se cherchent mais ne se reconnaissent pas. Leurs gestes et mouvements restent mystérieux l’un pour l’autre. S’en découle un jeu infatigable de contraires. Et pourtant, de combien peu ne s’en est-il pas fallu pour les unir, pour qu’ils s’enlacent en une forme unique, furtive, à la limite de l’abstraction. La musique est l’élément extérieur qui seule permet cette unité. C’est là que se révèle que chacun est une partie de l’autre, que chacun est la partie obscure de l’autre.