Une pièce pour deux danseurs et de l’encre animée.
Holeulone est un étrange voyage, une création de la chorégraphe
Le spectacle nous plonge dans l’univers mental d’un homme, nous emportant dans ses accélérations et ses ralentissements de pensée, ses souvenirs réels ou imaginaires, l’acuité et la confusion de ses perceptions. Puis apparaît son jumeau, une sorte d’histrion intérieur, de frère tellement semblable qu’il en devient insupportable…
La pièce part ici sur les traces de Charlie, l’attachant simple d’esprit, héros de Des fleurs pour Algernon, roman SF de Daniel Keyes paru en 1959, et lui invente un double. Les danseurs luttent au corps à corps, s’entrelacent ou s’abandonnent, aux prises avec leur gémellité, non seulement de chair mais d’image, ils s’immergent dans la matière filmique projetée, entraînent le spectateur au bord des abysses du rêve.
Karine Ponties, en réponse aux questions de Gwenola David à l’occasion de la tournée de Holeulone au Théâtre de la Ville (Paris) :
« Ce qui me touche dans le roman Des fleurs pour Algernon, c’est la sensibilité à fleur de peau du personnage principal, Charlie. Ses préoccupations et son énergie dans son désir d’évolution et de compréhension sont suffisamment formidables et sensibles pour essayer de les développer dans le corps, dans des corps.
L’énergie constante qu’il y a dans le livre est proche de celle que l’on met dans le travail en œuvre, dans le processus de création en mouvement constant. Pour la traduire et la transposer avec autant de conviction et de volonté que celle du personnage, il fallait chercher dans un épuisement aussi bien physique que mental pour qu’il en sorte une autre fiction faite de nos doutes, de nos chutes et de nos espoirs.
La fiction que véhicule Des fleurs pour Algernon est une histoire qui peut toucher n’importe qui d’entre nous, qui à un moment de vie se retrouve déplacé, perd pied, perd son statut, sa place, quelle qu’elle soit et qui assiste et agit en même temps avec conscience et lucidité à sa propre ascension puis à sa propre chute, déchéance, dégénérescence.
Alors tous ces mouvements de conscience, ces accélérations et ralentissements de pensée, ces souvenirs réels ou imaginaires, l’acuité et la confusion de ses perceptions, qu’une telle situation peut engendrer, c’est profondément Humain.
Ce sont des éléments qui m’intéressent dans tout mon travail. »
Le jury du Prix de la Critique de la Communauté française de Belgique a décerné à Holeulone le prix du meilleur spectacle de danse 2007.