Glabelle (ou l’architecture catastrophique d’un corps extravagant)
Avec l’hésitation géométrique d’un mannequin qui aurait pris vie comme une poupée égarée du temps au doigts verdis et à la chevelure indomptée, Glabelle incarne avec extravagance une mémoire oubliée.
Une femme paysage porte le monde sur sa tête comme certains ont un étendard dans le ventre. Une femme tour, une mémoire fanée que les intempéries des rêves ont fait s’effilocher… Au réveil, il reste une tour de Glabelle, boîte de conserve de l’univers.
Il y a des perceptions à nerfs, à squelette et à chair. J’avance de l’une à l’autre, comme à travers les bandes d’un spectre. Il arrive aussi qu’une perception s’immobilise tout au long du corps, à partir des yeux. Elle est alors ce chemin de corpuscules que traversent mes os, ma chair, que rayent mes nerfs. Plus souvent, elle est comme une fibre tendue dans la fibre d’un nerf. Cela se produit surtout dans la moelle épinière, où débute d’ailleurs tout ce qui a trait au ventre. La part la plus inaccessible de moi demeure la poitrine. La texture des poumons. Il y a même, entre l’aisselle droite et le foie, un espace qui ressemble à un désert. C’est une sorte de trou convexe par rapport au reste du corps. Quelque chose comme le siège du froid installé à proximité de la chaleur vive des organes.